LÀ-BAS ICI
Curatrice : Emma Bourgin
10.11.2022 - 04.12.2022
Avec les artistes :
Marine Billet, Emma Bourgin, Michèle Cirès-Brigand, Claire Colin-Collin, Valérie Crenleux, Julia Dupont, Mélanie Feuvrier, Natalia Jaime-Cortez, Gérard Lécoier, Charlotte Mariel, Léonard Nguyen Van Thé, Nathalie Novain, Anne-Sophie Patzelt, Cécile Teillol
Vernissage :
jeudi 10 novembre
18H - 21H
Catalogue
Lise Grosperrin, Mélanie Feuvrier
Photos sur Instagram: @galerieheloise
Communiqué
Là-bas c’est loin, et tant mieux. Je ne dirais pas que c’est sauvage mais parfois ça y ressemble. D’abord par sa situation géographique entre les péniches, les cygnes du canal de l’Ourcq et les voitures, signaux de la nationale 3. Mais aussi par le désintérêt et l’abandon qu’a suscité cette « zone » de restes, économiques, industriels, avant qu’elle ne soit aujourd’hui tant convoitée par les urbanistes de ce que l’on appelle « le grand Paris ». Là-bas n’est pas Paris et ne le sera jamais.
Là-bas est un sanctuaire dont les fenêtres ne donnent, pour certains, que sur le béton et l’amiante. Pour les autres, il est un atelier où le chocolat qui y coulait à flots est devenu argile, cire d’abeille, lumière, peinture, plâtre ...
Là-bas j’ai rencontré Claire et Nathalie.
Là-bas c’est l’atelier dans lequel je travaille depuis 2016, d’abord aux côtés de Marine et de Mélanie, maintenant en compagnie de Léonard et de Gérard.
Là-bas sont également passées Michèle, Julia, Charlotte, Anne- Sophie et Cécile.
Valérie et Natalia sont curieuses de Là-bas.
Là-bas c’est Bobigny, Montreuil, chez Michèle, Pantin, Ballancourt, Le Pré-Saint-Gervais, Draveil, la Puisaye, Versailles, chez Cécile, Fontainebleau et tous les jardins de Léo.
Ici c’est Paris. Paris où tous les Là-bas convergent à un moment ou à un autre. Ici j’ai rencontré Héloïse et avec elle, j’ai envie de prendre soin des artistes ou artisans que j’aime, aux côtés desquels j’ai eu plaisir à travailler, de les « curater » (la pauvreté de l’équivalence du terme en français m’ôte les mots des doigts). C’est la raison pour laquelle j’ai voulu « visiter » (encore une fois la langue me joue des tours ...) chacun et chacune d’entre elles pour qu’ils et elles me racontent dans quel Là-bas ils et elles errent. Et parce qu’une seule oeuvre ne suffit pas à raconter l’intimité de ces allers-retours, j’ai voulu faire voyager ici un objet, un outil, une matière habitant Là-bas. Tasseaux peints malgré eux, bouts de coton, os de charbon, balles en plâtre perdues ... ouvrent ici des fenêtres vers Là-bas.
Ici c’est un espace de rencontres où germent et s’écrivent de nouvelles histoires dans les yeux de celles et ceux qui veulent bien les voir. Ici le bronze et l’or donnent de faux airs cuivrés à une vieille photo de famille, la lumière dégagée par la fenêtre d’une cellule du monastère de Sintra se reflète dans le rose charnel d’une peinture, l’héritage d’un père tailleur fait écho à celui d’un grand-père peintrejardinier.
Et puis il y a le bleu, des nuages, des tornades, du papier, des archives, de la performance qui dure encore dans l’atelier ... Enfin il y a la terre et la fragilité de ses êtres.
Emma Bourgin